Après avoir participé à 3 XXL, après avoir dit « plus jamais ça » à chaque arrivée et puisqu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, j’ai rempilé pour l’Ironman de Nice 2019, histoire de tester un premier vrai label Ironman avec les paillettes, les $ et tout et tout… (par contre l’option canicule, je ne l’avais pas prise !).

Pour résumer, et pour les curieux, voici mes résultats dans les trois XXL que j’ai réalisé, j’en suis assez fier c’est vrai… sauf peut-être pour le Frenchman qui m’avait laissé un sentiment d’inachevé.

  • Embrunman 2012 en 13:55:14 – 1:17:15 / 7:29:38 / 4:52:05
  • Embrunman 2015 en 12:42:48 – 1:10:29 / 7:13:59 / 4:03:33
  • Frenchman 2017 en 10:47:26 – 01:19:11 / 05:04:59 / 04:10:39

25 triathlètes d’Epernay Triathlon se sont laissés tenter par cette aventure de l’Ironman de Nice, monopolisant ainsi presque l’intégralité de leur temps libre, un bon morceau de leur vie de famille et je ne vous parle pas du caractère abjecte qui va avec…
Tout cela pendant de longs mois… et dire que certains trouvent la préparation à un marathon épuisante !

Pour vous donner une idée et parce que j’aime bien les chiffres, voici le temps que j’ai passé depuis le 1er janvier 2019 dans l’eau, à vélo et dans mes runnings et donc pas à la maison à tondre la pelouse ou faire le ménage :

  • 57h de natation – 170km (2.98km/h ou 2’00/100m de moyenne)
  • 188h de vélo – 5300km (28.19km/h de moyenne)
  • 92h de course à pied – 1000km (10.87km/h ou 5’31 »20/km de moyenne)

Arrivé en forme très tôt, j’avais quelques craintes à maintenir mon niveau jusqu’à cette date du 30 juin. Des tendinites à répétition, des crampes en permanence durant ces dernières semaines, le doute et la baisse sensible de ma motivation ne me laissaient pas beaucoup d’espoir de performance.
Malgré cette sensation de ne plus être dans une bonne spirale, je fais partie de ces gens pour qui le mot engagement prend tout son sens et c’est pourquoi j’ai décidé d’aller au bout, sans quoi, tout cet investissement n’aurait aucun sens.

La dernière chose qui m’a vraiment fait douter et m’a probablement préservé, c’est cette canicule annoncée. En effet, jamais je n’ai réussi à performer sous la chaleur, j’ai très souvent dû abandonner lorsque j’étais coureur cycliste et encore très récemment au Frenchman ou au Natureman en 2017 où j’étais près à rendre mon tablier.
Conscient de mes faiblesses face à cet élément, j’ai choisi de me ménager en permanence et cela a commencé dès la natation, il faut dire que c’est une partie du triathlon qui ne me fait vraiment pas rêver, je nage souvent avec l’impression de subir la course.
Un brin optimiste, je suis parti à l’arrière du peloton de la vague des 1h08 juste derrière mes copains de club Cyril et Jean-Noël. Nageant sans grande conviction, j’ai attendu que ça passe en réalisant un temps très fatalement moyen de 1:10:06 mais conforme à mes attentes sans plus.
Sorti de l’eau encore frais comme un gardon, j’ai enfourché mon S-Works laissant au clou mon vélo de chrono plus rapide mais beaucoup moins confortable. Là encore, j’avais fait le choix du confort face à la performance car j’aurais probablement gagné 10 minutes avec mon vélo de chrono mais j’aurais aussi certainement entamé un peu plus mes quadriceps et ma foulée.
Le parcours vélo n’avait rien de très compliqué, 152km 2000m de D+ avec des pentes douces, je n’avais d’ailleurs pas pris la peine de le reconnaitre, je savais que ça allait monter pendant environ 90-100km et que vu mes talents de grimpeur, ça ne servait à rien de faire l’effort sur la première partie du parcours, juste surveiller le capteur de puissance, éviter de passer les 300W. Au triathlon de Cannes fin avril, j’avais réussi à me stabiliser sur une moyenne de 260W et je pensais pouvoir faire de même à Nice. Mais la chaleur écrasante m’a cantonné dans des zones autour de 220W, je me sentais comme bridé. Les conseils glanés auprès d’Emmanuelle Augé Davesne et lors d’une conférence d’Hervé Lucak furent mis à profit. J’ai pris le temps de m’hydrater, manger encore et encore par petites quantités, jamais trop pour éviter d’avoir mal au ventre mais toujours au maximum de ce que je pouvais ingurgiter de sorte à retarder au maximum les effets de la déshydratation. Il fallait refroidir le moteur et pour cela je me suis aspergé d’eau sans arrêt pour rester humide. C’est un peu comme en économie, il faut savoir dépenser pour gagner ensuite, perdre du temps pour en gagner plus tard, une règle de vie en quelque sorte !
Sortie 971ème de l’eau, j’ai remonté progressivement et comblé mon retard pour arriver au parc à vélo à la 204ème place. Lorsque j’ai posé le pied au sol, je n’arrivais pas à courir, mon talon me faisait très mal. J’ai donc marché jusqu’au portique où j’ai déposé mon fidèle S-Works qui a fonctionné à merveille, mission terminée pour lui, c’est vraiment un vélo extra, merci à mon vélociste, Fabien Royer !
Il est maintenant temps de chausser les runnings, j’ai choisi des Adidas Ultra Boost sans lacets, des chaussures extrêmement légères et confortables. Malgré la douleur au talon que j’ai appris à maîtriser ces dernières semaines, je sens que les jambes sont bonnes, aucune douleur dans les cuisses, ça déroule vraiment bien avec des petits pas, je regarde mes temps, 5:15 sur le premier km, 4:45 sur le second. Peu à peu la douleur au talon s’estompe, je suis bien… Il va quand même falloir se calmer car, autour, ça tombe comme des mouches ! Je fais le choix de me poser à chaque douche, chaque ravitaillement, ça plombe ma moyenne, peu importe. Je reprends ma course à 12km/h entre chaque arrêt au stand, 1 douche, 3 verres et c’est reparti, même pas mal au vendre, tout passe, c’est le pied !
Je redoute pourtant le moment où je vais caler comme les copains, Rodolphe, David ou Romain qui semblent tous dans le mal, même Cyrille que je croise n’a pas la foulée des grands jours. Je gère avant que ce soit la course qui me gère, je me concentre sur mon état, je ne regarde presque pas ma montre mais scrute les signes de déshydratation. Je sais exactement quelle allure il faut que j’imprime, j’étais préparé à courir en 4’50’’/km donc 5’/km ça passe sans problème. Le dernier tour de 10km sera plus dur car la foulée devient plus lourde mais j’arrive encore à courir. Les premiers signes de déshydratation pointent pourtant le bout de leur nez car je commence à avoir du mal à reprendre la course et n’ai plus trop envie de boire. Il reste à peine 7km mais je poursuis le protocole ne négligeant aucun ravitaillement, j’avance vers la ligne et commence déjà à penser à ceux que j’aime qui me soutiennent, les larmes montent. Frustré de ne pas avoir tout lâché pour réaliser une grosse performance, je suis fier de cette course gérée avec calme, bien loin de mes premiers triathlons où je dépensais sans compter. L’émotion me gagne peu à peu, mes pensées deviennent confuses, j’aimerais prendre dans mes bras tous ces gens à qui je tiens pour partager ce moment avec eux, c’est un moment unique de soulagement et d’accomplissement personnel. On gagne ici contre soi-même, c’est bien différent d’une victoire à vélo plus brève et plus brutale, là on a envie de prendre son temps de communier et de partager cette joie intériorisée. Sans exubérance, je passe la ligne, un œil vers le ciel, je suis simplement heureux car la mission que je m’étais fixé est accomplie, c’est une forme d’aboutissement, il faut à présent tourner la page et écrire une nouvelle histoire.

Un grand bravo à tous mes camarades de club. Mention particulière à ceux et celles qui se lançaient sur leur premier Ironman. L’annonce de la réduction des distances de 3800m/180km/42km à 3800m/152km/30km a eu l’effet d’une bombe mais nombreux vous le diront : le niveau de difficulté induit par la chaleur a rendu cette course aussi compliquée. Alors n’en doutez pas, vous êtes des Ironmen et Ironwomen !

Je n’oublie certainement pas Adrien Pascal qui décroche légitimement sa qualification pour les Championnats du monde Ironman à Kona et Christian Lhotte alias mon Cricri qui va devoir redescendre à Nice disputer les Championnats du Monde 70.3 en septembre, quelle vie de galère pour toi mon Cricri ?.

A tous encore bravo !

Christophe CONGIUSTI.


  • « XXL » (3800m/152km/30km) (2282 arrivants)
    1. Adrien PASCAL (49ème en 08:22:42 – 00:59:44 / 04:35:33 / 02:38:12)
    2. Christophe CONGIUSTI (214ème en 09:12:45 – 01:10:06 / 04:57:46 / 02:50:58)
    3. Cyril PESSENET (241ème en 09:16:26 – 01:07:59 / 05:16:49 / 02:40:30)
    4. Romain JAEGER (338ème en 09:31:53 – 01:06:46 / 05:14:14 / 02:58:38)
    5. David JACQUES (366ème en 09:36:31 – 01:04:13 / 05:22:28 / 02:58:33)
    6. Adrien QUATRESOLS (526ème en 09:56:51 – 01:13:39 / 05:21:25 / 03:07:40)
    7. Thierry CORPART (652ème en 10:11:05 – 01:17:27 / 05:40:15 / 02:49:18)
    8. Jean-Noël PLANÇON (700ème en 10:15:11 – 01:10:36 / 05:30:43 / 03:23:28)
    9. David ARVOIS (723ème en 10:17:51 – 01:12:13 / 05:25:50 / 03:24:03)
    10. Thomas DEBRECENI (728ème en 10:18:11 – 01:12:05 / 05:24:27 / 03:28:30)
    11. Rodolphe DEMANGE (756ème en 10:21:10 – 01:01:48 / 05:07:40 / 04:00:35)
    12. Bérengère THIBAULT BELET (870ème en 10:35:00 – 01:03:01 / 06:05:33 / 03:08:21)
    13. Yvan MOREAU (878ème en 10:35:48 – 00:59:08 / 06:01:58 / 03:20:02)
    14. Céline QUIQUEREL BOUCAR (990ème en 10:46:47 – 01:26:07 / 05:59:31 / 03:02:22)
    15. Francis RONDEAU (1073ème en 10:54:48 – 01:22:11 / 05:48:11 / 03:25:17)
    16. Martine CAMBLAT (1234ème en 11:08:09 – 01:19:25 / 06:16:10 / 03:14:28)
    17. Thierry LECOURT (1375ème en 11:22:16 – 01:34:19 / 05:59:11 / 03:33:23)
    18. Michel GERVAIS (1516ème en 11:38:13 – 01:11:23 / 06:28:29 / 03:39:22)
    19. Aurélien CLOCHEPIN (1573ème en 11:43:54 – 01:17:47 / 05:24:03 / 04:49:39)
    20. Cédric MOUREAU (1653ème en 11:53:03 – 01:18:20 / 06:41:44 / 03:31:44)
    21. Félix THIBAUD (1699ème en 11:59:47 – 01:28:29 / 07:00:16 / 03:15:43)
    22. Caty PLANÇON (1704ème en 12:00:40 – 01:17:16 / 06:21:18 / 04:04:37)
    23. Christian LHOTTE (1960ème et 3ème V6 en 12:40:10 – 01:17:24 / 07:08:55 / 03:51:28)
    24. Laure ARVOIS (2040ème en 12:58:01 – 01:19:08 / 07:01:52 / 04:10:44)

Quelques photos…

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